#124 : Everest. (Quart Coat / Pauline Alice)

Parfois, j'aimerais ne coudre que des modèles simples et rapides jusqu'à la fin de mes jours.

La vie dans l'atelier serait alors un long fleuve tranquille, coulant paisiblement d'une Marthe à l'autre. Ce serait comme une longue méditation, un mantra (Oooommmmmm Ooooommmmm Ooooommmmm Ooooommmmmaaaaarthe) ou les actions simples mèneraient sereinement  vers d'autres actions simples, se faisant sans heurt, avec aisance, sans que la pensée n'en soit alourdie.

Aucune colère, aucune urgence. De la concentration certes mais comme un outil pour atteindre un état supérieur de conscience où plus rien ne viendrait perturber l'esprit.

Béatitude!

Parfois, je me dis que cette simplicité m'enlise et qu'il serait temps que je me colle un bon coup de pied au fondement pour m'attaquer à des projets plus stimulants. Secoues toi donc, ma fille! Tu ne va pas coudre encore une trouze-millième Marthe! Cherche donc un peu à te dépasser! N'es-tu point en quête d'aventure? Veux-tu finir tes jours, enrobée d'un confort tranquille mais anesthésiant, ou secouer ta vie pour la mener vers des extrémités aussi dangereuses qu'excitantes?

A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire!

Alors vois loin, vise haut, et escalade l'Everest!

(Oui, nous parlons bien de fil et d'aiguilles. Mais, tu le sais comme moi, public aimé, la couture est un moyen fabuleux de transcender l'existence?)

Bref, je suis une cyclothymique armée d'une Machine à coudre, et j'oscille entre ces deux états, passant de la plate béatitude à l'excitation batailleuse.

Quand Pauline a présenté le patron du Quart Coat, j'étais au calme, en train de coudre de jolis projets d'un simplicité relaxante. Mais à l'instant même ou je l'ai vu, j'ai basculé instantanément et me suis transformée en aventurière sans peur prête à gravir des montagnes pour la gloire!

Un manteau! Voilà un des projets qui fait trembler autant qu'il excite! Car sur la voie longue voie de la réussite, vont se dresser bons nombres d'embuches, d'étapes ultra minutieuses, de techniques inconnues,  et autres entoilages et sous piqures!

Un manteau! Ça fait palpiter les engrenages de Pétrolette!

Un manteau!

Allez, soyons fous!

 

Le chemin vers les sommets fut tout de même bien long.  C'est que l'on ne s'embarque pas dans une telle aventure sans un minimum de préparatif.

Il m'a d'abord fallut réunir le matériel adéquat.

(Gloire aux testeuses qui donnaient leurs sources d'approvisionnement, parce que les vendeuses de Mondial Tissus sont des nazes qui se sont moquées quand j'ai demandé des cigarettes n'ont pas pu subvenir à mes besoins. J'ai passé commande chez A&A patrons pour la cigarette et les épaulettes)

Ensuite il a fallut assembler les très (trop) nombreuses pages du PDF. (On ne m'y reprendra plus! pour une grosse pièce, une planche papier c'est quand même bien mieux. Heureusement que les PDF de Pauline s'assemblent toujours très bien)

Puis vient le temps de la coupe du tissu et de la doublure, et il ne faut pas oublié d'y apposer toutes les marques nécessaires

Et enfin, il m'a fallut choisir le moment idéal pour attaquer au montage.
J'ai reculé un peu devant l'obstacle, assaillie par le doute et l'appréhension.

Et finalement je ne me suis attaquer à l'Everest qu'à la fin des vacances de février, à la faveur de quelques jours sans enfants.

 

J'ai pris mon temps, affrontant les étapes unes a unes, sans précipitation mais avec détermination.

J'ai affronté les plis (ils ont faillit m'avoir!), la doublure (elle m'a presque fait chuter), les ourlets mains (glouuups).

Heureusement, Pauline veillait sur moi: entre les explications fournies avec le patron et son pas à pas sur le blog, j'étais bien accompagnée.

  

Parlons technique: (Attention c'est long. Mais tu as le droit de sauté tout ce blabla, va!)

Quart Coat, Pauline Alice  -   Taille 38

Tweed coloris bitume, Tissus Price.

Épaulettes et cigarette de manches, A&A patrons

Doublure "peau de pêche" corail et fermetures éclairs, Mondial tissus.

Pour ce qui est du patron, très honnêtement je n'en pense que du bien. je n'ai vraiment pas rencontré de difficulté insurmontable. il faut juste s'armer de patience et être très minutieuse. Mais c'est vraiment accessible, surtout grâce aux tuto de Pauline. Je ne peux que vous le conseiller!

Les seules vraies difficultés que j'ai rencontré, ce sont les plis. Mais, cela vient de moi et de ma dyslexie latente. Je suis incapable de comprendre directement dans quel sens les mettre, il faut toujours que je me plante et que je recommence (demandé à ma jupe chardon, elle s'en souvient encore!) pour arrivé au bon résultat. (et là c'est ma doublure qui en fait les frais, avec les plis monté à l'envers. démonter  et remonter tout alors que le manteau était quasi terminé, j'adore!)

Une petite précision quand même, sur le plan de coupe des plis

J'ai d'abord cru qu'il fallait couper la pièce 13 correspondant aux plis deux fois sur le tissu plié en double. Mais il ne faut que deux pièces (une pour chaque coté). J'en ai fait part à Pauline. Je vous donne sa réponse parce qu'elle explique bien mieux que moi:   "J'ai dessiné deux fois la pièce 13 car à part pour les petites tailles, elle ne rentre pas dans une demi laize, donc il faut la découper 2 fois. Mais si tu as fait une petite taille (jusqu'au 38), tu peux découper la pièce 13 en double."   

Seule modification: J'ai préféré ajouté une fermeture éclair sur le devant plutôt que des boutons, et je ne regrette pas. Pour le positionnement, j'y suis allé un peu au pif, en épinglant le zip "sur moi". J'aurais pu le décaller un peu pour cintrer plus le manteau, mais je voulais pouvoir porter un pull ou un gilet en desous sans soucis.
 J'adore ce coté "perfecto" un peu rock qui contre balance l'effet plus "rustique" du tweed et la coupe très féminine.

Pour le tissu, rien à redire sur le tweed. Très bonne qualité pour un prix vraiment minime (comme tout ce que j'ai acheté chez Tissu Price). Ce n'est pas un tissu très chaud, mais c'est voulu. Parfait pour la mi-saison. Comme il marque bien les plis au fer, il était parfait pour le plissé du manteau. (C'est très important, sinon les pans plissés de votre manteau ne seront vraiment pas jolis. )

Pour la doublure, ce n'est pas la même musique. une véritable horreur à coudre. Elle se déforme et glisse tant qu'elle peut. bref, beurk! Cela m'apprendra a acheté un tissu juste pour sa couleur. Mis ce corail foncé (dur à rendre en photo), impossible de lui résister (et puis, moins de 4€ le mètre...). Et au final, son coté "peau de pêche" la rend vraiment agréable à porter.

Ces zips sur les manches qui me faisaient si peur, mais qui sont passé comme une lettre a la poste!

et j'en suis totalement amoureuse.

Comme des jolis détails aux épaules, d'ailleurs.

Et aprés une semaine d'escalade, me voilà sur le toit du monde, bien enveloppée dans mon Quart adoré!

Voilà, maintenant que j'ai vaincu, je me pose quelques temps et retrouve mon état de béatitude et mes Marthe-en-série, avant de repartir à l'aventure, cette fois pour franchir un nouvel Everest, celui de la braguette! ... Mais non, public aimé, mais pervers, je ne parle que de coudre un  pantalon, voyons!

et toi, c'est quoi ton Everest couture?